Mes exemples de traductions

Thomas Assheuer : Monsieur Haneke, le bruit court que ce serait votre grand-mère qui vous aurait initié au cinéma avant même que vous ne sachiez marcher.

Michael Haneke : C’est un peu exagéré. Ce que je sais, – est-ce mon souvenir ou ce que m’a raconté ma grand-mère ? – c’est qu’à l’âge de six ans environ j’ai vu le Hamlet de Laurence Olivier. Pourquoi sommes-nous allés voir ce film à l’époque, ça reste une énigme car ce film est loin d’être un film pour enfants. Peu importe. En tout cas, j’étais tellement angoissé par la musique et les images sombres que ma grand-mère a dû quitter avec moi la salle de cinéma. Peu de temps après, j’ai été envoyé à Copenhague, dans le cadre d’un programme d’aide à l’enfance d’après-guerre, et là tout a recommencé. Le film que je vis alors se déroulait dans la savane africaine et je restai stupéfait quand à la fin du film la porte s’ouvrit et qu’il pleuvait dehors. J’étais troublé et me demandai pourquoi je me retrouvais là.

C’était en quelque sorte un premier contact avec le pouvoir des images…

Oui, j’ai connu le contact immédiat avec le pouvoir magique des images. Les enfants d’aujourd’hui n’ont plus cette chance. Ils subissent ce pouvoir à un moment de leur vie où ils ne peuvent pas le surmonter. Ils entrent en contact avec le monde de l’image beaucoup trop tôt. Les images leur sont incorporés en quelque sorte sans qu’ils aient la possibilité de prendre du recul.

[…]

De quels films étiez-vous « accro » ?

A l’est d’Eden que j’ai vu dix ou quinze fois ou encore La Fureur de vivre. Je m’identifiais à ces films qui faisaient salle comble. Je me souviens encore des Cousins de Chabrol tout comme des Tricheurs de Marcel Carné, avec le magnifique Laurent Terzieff qui est désormais une star du théâtre en France. C’était des films qui parlaient de ma génération, qu’il fallait avoir vu. Pourtant, une chose comptait encore plus pour ma passion du cinéma, c’était le temps de mes études. J’ai commencé par des études de théâtre et puis, comme l’art dramatique est une matière très aride, je me suis tourné vers la philosophie et son professeur, un homme passionnant. Comme par hasard, le seul cours qui m’ait attiré dans mes études de théâtre était un séminaire sur le cinéma, parrainé par l’Institut Français. J’ai utilisé cette magnifique occasion pour voir tous les grands films français : Resnais, Godard…trois à quatre semestres durant. Pas seulement la Nouvelle Vague mais aussi les classiques, ce qui m’a ouvert les portes du cinéma en tant que professionnel. Jusque-là, je n’étais qu’un amoureux et un consommateur du septième art.

En vous écoutant, on a l’impression que l’étudiant que vous étiez, a passé la moitié de sa vie au cinéma.

Officiellement, je faisais des études de philo mais en réalité, je n’étais pas très bosseur et je passais le plus clair de mon temps dans les salles obscures. C’est à cette époque que je me suis fait ma propre formation filmique. En regardant sans relâche.

[…]

Et pourtant, du jour au lendemain, vous avez fait de la mise en scène au théâtre.

Ça ne s’est pas fait si vite et tout était le fruit du hasard. En 1967, à l’âge de 25 ans, je suis allé faire un stage à Baden-Baden pour la chaîne de télévision Südwestfunk. Cette chaîne cherchait à l’époque un successeur pour son dramaturge en chef qui avait pris sa retraite. Je me demande pourquoi j’ai été choisi car normalement il y a des douzaines de candidats sur la liste d’attente. C’est ainsi que je devins dramaturge à la SWF. Je dois avouer que je suis arrivé à Baden-Baden avec une arrogance à peine dissimulée en me disant qu’ils pouvaient se réjouir de m’avoir trouvé. Heureusement, mon supérieur était Dieter Waldmann. Il était malade et ne venait à la rédaction qu’une fois par semaine. Pourtant, dans une journée il a plus bossé que d’autres dans une semaine. Il m’a appris ce que c’est de travailler. La première année, je n’ai rien fait d’autre que de lire des manuscrits et d’en faire des fiches de lecture. Cet exercice aiguise le regard et apprend beaucoup sur la dramaturgie.

[…]

Vous avez-eu le trac pour votre premier film ?

Bien sûr. Un film donne toujours le trac. On raconte qu’Ingmar Bergman ne pouvait tourner qu’à côté des toilettes parce que le trac lui donnait régulièrement la diarrhée. C’est le propre du cinéma : lorsqu’on bâcle une répétition au théâtre ou à l’opéra, on reprend le lendemain. Ça ne marche pas pour le cinéma. On meurt de trouille tous les jours. Ça passe ou ça casse. Pas de reprise possible. Chaque seconde coûte de l’argent. On n’a jamais assez d’argent. C’est épuisant.

Pendant qu’à cette époque, la moitié du monde rêvait avec optimisme d’émancipation et d’utopie, vous écrivez une pièce de deuil, le téléfilm Lemminge. C’était presque un contre-manifeste.

Tous mes thèmes sont déjà dans Lemminge et ce film est le noyau de tous mes travaux. C’est le premier que j’ai créé et écrit de A à Z. La première partie est la meilleure : elle raconte le temps où nous étions adolescents. Après avoir terminé l’adaptation cinématographique d’un texte de Bachmann, j’ai raconté au rédacteur de l’ORF, l’histoire des lemmings. Nous sommes allés soumettre ce projet au directeur de programme qui voulait faire de cette histoire un film en trois épisodes. J’étais stupéfié et lui proposais de faire de la première partie, un présent, et de la troisième, un futur comme de la science-fiction. Or, il n’y eu pas de troisième partie faute d’idée valable. Ce qui serait impensable aujourd’hui. Le directeur de programme d’une chaîne publique veut faire d’un film d’auteur, non pas un mais trois épisodes !

Lemminge vous a-t-il consacré réalisateur ?

Est-on jamais consacré ? Ce film a eu du succès et m’a permis en quelque sorte de continuer. Dans les dix années qui ont suivi, jusqu’à mon premier long métrage, j’ai écrit plusieurs téléfilms que j’ai mis en scène tout en faisant parallèlement de la réalisation dans les théâtres germanophones les plus variés. Je ne chômais pas, ce qui est un grand privilège quand on est à son compte.

Faisons un saut dans le présent, si vous le voulez bien. Vous craint-on sur le plateau ?

Les acteurs m’aiment et je les bichonne. Ils ont toujours été pour moi ce qui compte le plus. C’est pourquoi je les dorlote. Le bon casting est la moitié du succès d’un film. Le casting ne se limite pas aux acteurs mais à leur emploi. Quand je remarque que dans l’équipe, quelqu’un se laisse aller, je peux être très désagréable. On doit savoir s’imposer. Or, comme beaucoup souhaitent retravailler avec moi, je ne suis pas si dur que ça sur le plateau.

Et quand un acteur perd son élan ?

Il doit simplement rester et continuer. Il ne faut pas être influencé par la pression que les autres exercent sur soi. Je suis têtu. En général, la pression provient des impondérables de la production. Quand le soleil se couche et que la lumière disparaît.

Ce qui compte pour motiver un acteur, c’est d’avoir confiance dans le réalisateur. Si un acteur a l’impression que le réalisateur ne le pousse pas ou qu’il ne le protège pas, il est déstabilisé. A contrario, dès qu’un acteur a confiance en ce dernier, il fait presque tout ce qu’on attend de lui. Je répète très souvent le même plan jusqu’à obtenir exactement le résultat que je veux. C’est parfois très fastidieux pour l’acteur mais s’il a confiance en vous, il vous suit malgré toutes les contraintes.

[…]

D’où vient cette certitude qui permet de regarder la vidéo après la treizième prise d’une même scène et de dire : « on reprend tout » ?

Ce n’est pas une question de certitude. Quand ça ne va pas, il faut reprendre. Bien sûr, on arrive toujours à un moment où l’on a répété à mort avec les acteurs et qu’il n’y a plus d’amélioration possible. Là je me dis qu’on en est au point mort. Et bien, il faut repartir à zéro jusqu’à ce que ça marche. C’est très mauvais pour le moral sur le plateau quand on enchaîne et qu’on interrompt tout d’un coup. Tout le monde est frustré. Certains acteurs doivent s’échauffer tandis que d’autres font une prestation magnifique au début, qui se dégrade au fur et à mesure. Quand ces deux profils se rencontrent dans une scène, ce n’est pas une partie de plaisir. Le résultat est un compromis mais au fond tout est compromis. On atteint l’idéal dans un film que dans deux ou trois scènes.

[…]

Rétrospectivement, comment décririez-vous votre apprentissage de la réalisation ?

J’ai appris sur le tas. Bien que je n’aie jamais été un fan de Fassbinder, il est pour moi le parangon du déroulement d’un processus d’apprentissage. A chacun de ses films, on voit comment il a appris ne serait-ce que techniquement. Fassbinder commence très lentement, pas à pas. Au début il utilise des tuyaux empruntés au théâtre. Plus il en sait, plus les choses se compliquent. Son apprentissage est patent à chaque nouveau film. Fassbinder était autodidacte. Il a appris tout seul toutes les techniques du cinéma en repoussant toujours les limites de ce qu’il savait déjà. Je ne connais aucun autre réalisateur chez qui ce soit aussi évident. J’ai essayé de faire comme lui, de repousser pas à pas les limites de mon savoir. Je n’aurais pas pu faire un film comme Code inconnu au début de ma carrière car les plans-séquences sont trop compliqués.

A vous écouter, on a l’impression que l’on peut tout apprendre au cinéma.

La réalisation cinématographique ne s’apprend pas : elle se pratique. On doit écouter et regarder. Sans cesse. Aujourd’hui, c’est beaucoup plus facile. Les étudiants en cinéma ont la possibilité de voir un film en boucle en vidéo – en avançant, en allant en arrière, en s’arrêtant sur une image fixe, sur chaque plan, tel qu’il est fabriqué. Quand j’ai commencé à tourner mes premiers films, ça n’existait pas. J’ai vu le Psychose d’Hitchcock une douzaine de fois pour comprendre comment était montée la scène de la douche. Mais j’avais toujours un bruit de fond qui me faisait mal au crâne. « Merde, je l’ai encore ratée ». Aujourd’hui, on peut tout voir au ralenti, image après image, et arrêter quand on veut. On peut tout apprendre en « kit » si l’on a des yeux pour voir et des oreilles pour entendre. Il suffit de vouloir…et de faire.

[…]

Quand vous écrivez, vous demandez-vous si le film est réalisable ?

Bien sûr, sinon on perd son temps. Un débutant ne commence pas par écrire Ben Hur. Certaines choses ne sont pas réalisables tout de suite. J’avais fini Le Temps du Loup bien avant La Pianiste mais personne ne voulait produire le film. C’est le succès de La Pianiste en 2002 qui a rendu possible Le Temps du loup. C’est la loi du marché. Si l’on a du succès, on peut faire un plus grand film la fois suivante. Si le succès n’arrive pas, on doit rabaisser ses prétentions et faire un petit film. C’est la loi du marché avec laquelle il faut compter. Après Le Temps du Loup, je devais viser bas. Le film n’a pas marché car j’ai raté plusieurs scènes. Et rien n’échappe au spectateur.

[…]

Caché est sorti en 2004.

Oui.

C’est aussi un film qui montre que vous vous restez étonnamment fidèle à vos thèmes. Vos thèmes sont irrévocables.

Le Sel de la Terre

Un film réalisé par Wim Wenders et Juliano Ribeiro Salgado

RESUME

Le film, le Sel de la terre, est le portrait d’un homme, le photographe Sebastião Salgado, à travers les regards de deux autres : son fils, le réalisateur Juliano Ribeiro Salgado, qui cherche à mieux connaître un père longtemps absent. Et Wim Wenders, un des grands réalisateurs de notre époque, photographe et admirateur du travail de Salgado.

LE CONTEXTE

Economiste de formation, Sebastião Salgado fait ses armes à l’agence MAGNUM au milieu des années soixante dix, où il restera une dizaine d’années. Avec l’aide de sa femme Lélia Wanick Salgado, il monte ensuite sa propre agence. Il est l’un des seuls photographes à avoir pu monter une agence dédiée exclusivement à son travail, comme il est l’un des seuls à signer des contrats qui l’engage sur plusieurs années auprès des plus grands magazines de la Planète (New-York Times, Sunday Magazine, Rolling Stone, Paris Match, El Pais, Folha de Sao Paulo, Nieuwer Revue…).
Ses deux oeuvres majeures témoignent de sa formation d’économiste et de ses préoccupations : Workers (1993) s’attache aux derniers vestiges du travail manuel « industriel » ; Exodes (2000) rend compte de millions de réfugiés à travers le monde, dans des contextes très différents. A chacun de ces travaux il consacre plus de dix ans, abordant les thématiques de façon planétaire.
Grand reporter, Salgado n’en est pas moins artiste exposé dans les musées et galeries les plus prestigieux du monde. La démesure de ses travaux, la stylisation très forte de ses photos sur des sujets souvent très durs mais aussi sa personnalité hors du commun, suscitent autant l’admiration et la reconnaissance que les critiques les plus acerbes.

Mars 2013 verra le coup d’envoi de son dernier ouvrage, Génésis, commencé en 2002 et pour lequel, à contre courant de ses précédents projets, il part à la rencontre d’une nature préservée et de communautés humaines vivant en équilibre et en harmonie avec leur environnement. Partant de Londres, l’exposition fera le tour de la planète en passant notamment par Paris, Rio, Berlin et Milan.

LE SYNOPSIS

Un fils part à la rencontre de son père, grand photographe. Il l’accompagne pour son ultime projet dans les lieux les plus préservés de la civilisation moderne, à la rencontre d’une nature ancestrale, d’animaux mythiques et de communautés humaines isolées du reste du monde.
Ensemble, ils se rendent dans la tribu des indiens Zo’é, au coeur de l’Amazonie, en Sibérie sur l’île de Wrangel, chez les Papous de l’Irian Jaya, et dans les marécages luxuriants du Pantanal, au Brésil.

Tout au long de ces voyages, Juliano filme Sebastião en train de « regarder » le monde. Il l’observe entrer en relation avec des hommes d’une grande altérité et trouver sa place parmi eux.
Il l’interroge sur ce travail devenu un mode de vie qui l’a si souvent tenu éloigné de sa femme Lélia, qui est aussi sa collaboratrice, et de ses deux fils Juliano, 38 ans, et Rodrigo, 31 ans.
Les quatre voyages qu’ils font ensemble sont aussi l’occasion pour Juliano de questionner Sebastião sur ce qui le préoccupe et l’intéresse : la dureté extrême des situations et la souffrance humaine auxquelles sont père s’est systématiquement confronté pendant quarante ans. La façon dont intervient dans sa vie son dernier projet, Génésis, lequel l’emmène aujourd’hui a contrario dans les endroits les plus harmonieux et les plus «préservés» du monde.
Malgré leurs difficultés à communiquer et à se faire confiance, peu à peu père et fils parviennent à trouver le fil perdu de leur relation.

Un réalisateur interroge le travail d’un photographe, ses choix politiques et esthétiques, la part de ce qui lui échappe et celle de ce qu’il construit.
La singularité du travail et du parcours de Salgado amènent Wim Wenders à se tenir au plus près de sa passion première et fondatrice de son travail de réalisateur : la photographie. A Paris, il se rencontrent pendant plusieurs semaines et échangent autour des photos, évoquant souvent la petite histoire et la grande. Leur rencontre est celle de deux hommes qui ont consacré leur vie aux images, à la fois porteuses de réalité, d’histoires, et porteuse de leurs regards singuliers.
C’est l’occasion pour Wim Wenders d’une réflexion libre sur la représentation de la réalité et sur, peut être, l’impossibilité d’échapper à la fiction. Dans quelle mesure le travail du photoreporter rend-il compte de la réalité ? Quelle est la part qui appartient au regard qui en a recomposé une image ? Peut-on représenter sans « fictionner » ?

Pour tisser ce portrait, c’est à un jeu de regards que nous convie le film : grâce à celui de Juliano filmant son père en prise avec la réalité, au regard de Wim Wenders sur les images de Sebastião comme autant d’interprétations du réel, nous appréhendons celui d’un homme sur le monde.

C’est ensemble qu’ils achèveront ce périple, au Brésil, dans le village d’Aimores où Sebastien est né et a grandi.
Foulant les terres de son enfance, Sebastião raconte sa famille de paysans, la pauvreté et la violence du Brésil des années quarante, dévoilant ainsi des expériences qui allaient fonder sa personnalité et, plus tard, son métier.

Dans ses derniers projets d’homme engagé et de photographe, la nature et l’écologie sont omniprésentes. Après avoir passé 40 ans à témoigner des situations les plus dures et les plus injustes à travers le Monde, Sebastião consacre son dernier projet, Genesis, à la beauté de la Terre.
Avec sa femme Lelia, Sebastião a racheté la ferme familiale pour y mener un projet écologique de grande envergure. Sur une terre asséchée par la cupidité des hommes et devenue quasiment stérile, pousse aujourd’hui une fôret de près de deux millions d’arbres.

Revenir vers cette nature est pour Sebastião plus qu’une consolation face à un monde en souffrance, c’est la réponse qu’il apporte face à la difficulté pour les hommes de vivre ensemble sur Terre.

– TRADUCTION –

Le Sel de la Terre

A film produced and directed by Wim Wenders and Juliano Ribeiro Salgado

SUMMARY

The film, Genesis, depicts a man, photographer Sebastião Salgado, through the eyes of two people  : his son, film director Juliano Ribeiro Salgado who tries to get to know a father who was away from home for many years. And Wim Wenders, one of the great film-makers of our time, a photographer and an admirer of Salgado’s work.

BACKGROUND

Sebastião Salgado studied economics and learned his trade at the MAGNUM photography agency in the mid-seventies where he worked for a decade. Together with his wife Lelia Wanick Salgado, he then established his own agency. He became one of the few photographers able to create an agency that handled his work exclusively just as he is one of the few photographers to agree long term contracts with leading international titles : New-York Times, Sunday Magazine, Rolling Stone, Paris Match, El Pais, Folha de Sao Paulo, Nieuwer Revue…
His two major works demonstrate his training as an economist as well as his own concerns :
Workers (1993) shows the final traces of manual labour in modern « industry » ; Exodus (2000) depicts the situation of millions of refugees throughout the world in their very different contexts. He has spent over a decade working on each of these topics , whilst addressing global issues.

A great reporter, Salgado is also an artist exhibited in the most prestigious museums and galeries of the world. The ambition of his work, the considerable technical skill of his images which often tackle very difficult subjects and also his exceptional personal qualities have attracted the praise and recognition of the most demanding critics.

In March 2013, Salgado will launch , Genesis, his latest project.. It started in 2002 : in contrast to his previous work, Genesis will contain a conventional natural landscape and communities which exist in harmony with their environment. The exhibition will start in London and tour the world with stopovers in Paris, Rio, Berlin and Milan.

SYNOPSIS

A son sets out to find his father, a great photographer. He accompanies him on his final project in the most untouched places of the modern world to discover an ancestral state of nature, mythical creatures and human communities isolated from the rest of the world.
Together they visit the Zo’e Indian tribes, at the heart of the Amazon, in Siberia on Wrangel Island, with the Papoos of Irian Jaya and in luxuriant swamps of Pantanal in Brazil.

Througought his journeys, Juliano films Sebastião « watching » the world. He observes him forming a connection with people of a completely alien background and finding his place among them.
Juliano asks his father about his work which became a way of life with the result that Sebastião was away from his wife Lelia – also his assistant – and his two sons : Juliano, now 38, and Rodrigo, now 31.
During the four journeys spent together, Juliano questions Sebastião about his concerns and interests : the very harsh situations and human suffering which his father was routinely faced for forty years. He asks him about the inspiration for his last project, Genesis, which leads him today to another extreme : that of the most tranquille and « untouched » places in the world.
Despite the tense and hesitant relationship between father and son, both gradually manage to rediscover the lost bond of their relationship.

A film director examines the work of a photographer, his political and aesthetic choices, what he fails to capture and what he creates.
Salgado’s unique work and lifestyle explain why Wim Wenders decided to focus on his first passion and the basis of his work as a film-maker : photography. In Paris, they met for several weeks to speak about photographs , which contain both a minor and a major story. Their encounter is that of two men who have devoted their lives to images simultaneously reflecting a view on reality, anecdotes and the perception of two individuals.

For Wim Wenders, this is an opportunity to think freely about the representation of reality and perhaps also on the impossibility to escape fiction. To what extent does a photoreporter portray reality ? To what extent is a picture a revisited patchwork of an observer’s eye ? Is representation possible without fiction ?

To compose this portrait, the film invites us to a « watching game » : thanks to Juliano filming his father confronted with reality and Wim Wenders focusing on Sebastião’s pictures as a kaleidoscope of real life events, we can grasp one man’s view of the world.

This group will end its journey in Brazil, at Aimores village where Sebastião was born and grew up.

Back to his birthplace, Sebastião tells us the story of his family of simple farmers, of poverty and violence in Brazil in the fourties, thus revealing experiences that were to shape his personality and – later – his profession. .

In his last projects as a political activist and as a photographer, the environment and ecology are constant themes. After spending forty years depicting hardship and injustice in the world, Sebastião devotes his last project, Genesis, to the beauty of the Earth.
With his wife Lelia, Sebastião bought back the family farm to carry out a major ecological project. On land used up by human greed and left almost barren there grows today a forest of some two million trees.

To rediscover Nature is for Sebastião more than mere solace in a suffering world, it is his answer to the difficulty men encounter when trying to live together on this earth.